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Finlande : Le harcèlement en ligne, une menace pour la démocratique ?

En Finlande, l’élection d’un gouvernement dirigé par des femmes avait fait naître l’espoir d’un avenir politique plus paritaire. Pourtant, les critiques misogynes qui surgissent depuis lors, ne risquent-elles pas de dissuader les femmes de s’engager ?

Publié le 19/05/2021 à 9:00

Depuis longtemps, la Finlande fait figure de bonne élève dans les classements internationaux en matière d’égalité femmes-hommes. Dernière démonstration en date, fin 2019, avec l’arrivée au pouvoir de Sanna Marin, qui dirige un gouvernement formé d’une coalition de quatre autres partis, tous menés par des femmes, dont trois de moins de 35 ans. Voir autant de femmes leaders au gouvernement a suscité un véritable engouement à travers le monde.

 

Pourtant, dans ce pays non plus tout n’est pas si rose.  Depuis l’installation du nouveau gouvernement, les ministres font l’objet d’attaques sexistes et de harcèlement quotidien d’une rare misogynie. « La brigade du rouge à lèvres », « le quintet féministe », « l’équipe Tampax »… Voilà le genre de remarques les plus fréquemment utilisées par les utilisateurs finlandais de Twitter pour qualifier le gouvernement de Sanna Marin.

 

Un rapport publié par le Centre d’excellence en communications stratégiques de l’OTAN (Stratcom), sur la base d’une étude menée en 2020, confirme que le gouvernement finlandais est très majoritairement visé par des cas de harcèlement en ligne à caractère misogyne.  Au vu des études précédentes sur le sujet, dont celle d’Amnesty International en 2018, intitulée « Toxic Twitter », ce travail n’aurait pas dû surprendre. Et pourtant, l’analyste Rolf Fredheim, en présentant les conclusions du rapport Stratcom, a reconnu que le niveau de messages injurieux reçus par les ministres finlandaises était « extrêmement élevé ».

 

Beaucoup des messages recensés, notamment sur Twitter, visent la Première Ministre elle-même. Sa ministre de l’intérieur, Maria Ohisalo, 36 ans, arrive quant à elle en deuxième position. Avant les élections locales de juin, celle-ci s’inquiète désormais de voir des femmes, souvent jeunes, notamment issues de minorités, « renoncer à être candidates parce qu’elles n’ont pas envie de s’exposer à la haine ». Et c’est bien là le risque.

En novembre 2019, une enquête réalisée pour le compte du ministère des affaires étrangères à Helsinki avait révélé que 28 % des élus locaux et députés, victimes de harcèlement, étaient moins tentés de participer aux décisions politiques.

 

Ce n’est évidemment pas la première fois que l’on note ce type d’attaque démesurée à l’encontre de femmes politiques. La vice-présidente américaine, Kamala Harris, est, elle aussi, la cible d’un déferlement de haine racistes et sexistes sur les réseaux sociaux.

A la publication du rapport, Sanna Marin, elle, s’est contentée d’un tweet lapidaire :

Oui, les femmes dirigent le gouvernement. Passez à autre chose.