Endométriose : une maladie enfin reconnue ?
L’endométriose touche entre 150 et 180 millions de femmes en âge de procréer dans le monde, dont 1,5 à 3 millions de Françaises. En dépit de symptômes invalidants pour les femmes (douleurs extrêmes durant les règles, pendant les rapports sexuels…), cette maladie chronique est longtemps restée méconnue, voire taboue. Longtemps, elle n’a été diagnostiquée que lorsqu’elle était cause d’infertilité, alors que seules 30 % à 40 % des femmes qui en sont atteintes ont des difficultés à avoir un enfant.
Cela fait des années que des associations de patientes se mobilisent et informent pour faire reconnaître l’endométriose. Tous les ans, malades et militantes de plus de 60 pays se réunissent pour une « marche mondiale pour l’endométriose », à l’initiative d’Endomarch, lancée aux États-Unis en 2014.
En 2020, une enquête de l’association EndoFrance révélait que 65 % des femmes atteintes d’endométriose pensent que la maladie a un impact négatif sur leur vie professionnelle. La moitié des personnes interrogées estiment que l’endométriose a même pu être la cause de licenciement, contrat non renouvelé, moindre avancement de carrière, perte de clients, etc.
La même année, Alice Romerio, chercheuse au Centre d’études de l’emploi et du travail (CETT), montrait elle aussi combien cette maladie invisible et complexe affecte le quotidien et la carrière professionnelle des femmes. L’endométriose apparaissant dès l’adolescence, elle peut aussi nuire aux études, à l’orientation scolaire et à l’entrée sur le marché du travail des filles…
Alors évidemment, lorsque le ministère de l’Enseignement a annoncé le 2 septembre dernier que l’endométriose entrait officiellement dans le programme de second cycle des études de médecine, bon nombre de patientes et d’associations ont salué cette avancée. « Je me mets […] à rêver qu’un jour, il n’y aura plus d’endométrioses sévères et profondes parce qu’elles auront toutes été diagnostiquées avant et que les patientes auront été entendues dans leur souffrance » a ainsi réagi Yasmine Candau, présidente de l’association Endofrance.
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Égalité femmes-hommes : de moins en moins de Françaises et de Français satisfait.e.s
C’est une tendance depuis trois ans : de moins en moins de Françaises et de Français se disent satisfaits en matière d’égalité femmes-hommes, selon le baromètre Kantar réalisé pour la Fondation des Femmes. Pour Anne-Cécile Mailfert, présidente de cette fondation, pas de doute à avoir : « c’est bien le signe d’une prise de conscience au sein de la société ».
Ainsi, 41 % des personnes interrogées estiment que, dans l’espace familial, l’égalité n’atteint pas un niveau suffisant. C’est 7 points de plus qu’un an auparavant. L’augmentation est encore plus nette si l’on tient compte uniquement des hommes (12 points). Et la même tendance s’observe dans l’espace public.
Au niveau professionnel, la majorité (71 %) estime que le compte n’y est pas non plus, le chiffre grimpant à 77 % chez les femmes. Salaires, carrières, précarité, risque de harcèlement : « l’immense majorité des Français voit aujourd’hui qu’il y a un problème », salue Anne-Cécile Mailfert. De façon générale, l’insatisfaction est moins importante chez les hommes que les femmes. Mais les choses évoluent, génération après génération, les moins de 35 ans apparaissant plus critiques que leurs aînés.
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Le mouvement #metoo fait école dans les collèges et lycées britanniques
Lorsqu’en juin 2020 la jeune Soma Sara, tout juste diplômée de l’University College de Londres, a décidé de partager son expérience d’abus sexuel sur les réseaux sociaux, elle était loin de penser qu’elle déclencherait un tel tsunami : une sorte de #metoo des collèges et des lycées britanniques qui, depuis, met des chefs d’établissements scolaires prestigieux en difficulté et oblige le gouvernement de Boris Johnson à agir.
Il a fallu un terrible fait divers pour que son combat prenne une ampleur inédite. Au tout début du mois de mars 2021, Sarah Everard, 33 ans, disparait dans les rues de Londres. Son corps est retrouvé une semaine plus tard dans le Kent. Un policier est inculpé. Ce drame suscite un déluge de réactions. Des femmes de tous horizons et de tous âges expriment leur ras-le-bol de vivre dans un pays où il n’est toujours pas sûr de sortir seule la nuit.
Parallèlement, des milliers de témoignages de collégiennes, lycéennes, étudiantes affluent sur EveryOne’s Invided (« tout le monde est invité »), la plateforme créée par Soma Sara. Elles racontent le harcèlement quotidien, les propos misogynes, les mains glissées sous les jupes, les attouchements non sollicités, les fellations forcées, le partage de photos intimes. Leur nom n’apparaît jamais, en revanche, les écoles qu’elles fréquentent ou ont fréquentées sont souvent citées.
Les responsables des établissements désignés montent très vite au créneau, assurant vouloir prendre des mesures rapides. Le ministre de l’éducation britannique annonce le lancement immédiat d’inspections systématiques. En avril, une assistance téléphonique incitant les élèves qui s’estiment victimes d’abus à se confier à des spécialistes est mise en place.
Il ne s’agit pas de « criminaliser de jeunes gens […] mais de comprendre, d’éduquer et de changer nos comportements, car on est tous plus ou moins complices de cette culture du viol » explique Soma Sara. Avec elle, de nombreux politiques et proviseurs réclament un débat bien plus large outre-Manche.
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