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L’essentiel sur les Soft skills

Les soft skills  sont-elles genrées ? 
Les entreprises accordent de plus en plus d’importance aux compétences transverses, ou soft skills en anglais, en complément des savoir-faire techniques. Or ces compétences font l’objet de sérieux stéréotypes de genre. En d’autres termes, attend-on d’une femme qu’elle mobilise les mêmes compétences qu’un homme ?  

Publié le 27/04/2023 à 10:48

 

Des softs skills de plus en plus précieuses 

 

Fini les recrutements uniquement fondés sur les diplômes et les compétences métier. Ce qui compte aujourd’hui, ce sont les soft skills, ou compétences transverses, telles que l’empathie, la communication, la confiance en soi, le sens du collectif, l’adaptabilité, la créativité… Bref, toutes ces capacités qu’une personne possède de manière innée ou qu’elle peut développer grâce à des formations et/ou l’expérience.  

 

Loin d’être anecdotiques, ces compétences sont des alliées de choix pour s’adapter à un monde en mutation. En effet, avec l’évolution voire la disparition de métiers, un certain nombre de compétences techniques risquent de ne plus être nécessaires. L’institut Top Formation estime ainsi que trois métiers sur cinq verront au moins 30 % de leurs activités automatisées d’ici 2030.  

 

Cette automatisation et le développement de l’intelligence artificielle entraînent également l’obsolescence rapide des compétences métiers. Si un savoir-faire technique avait une durée de vie de quarante ans en 1970, il n’est plus que d’un ou deux ans actuellement. Mais la bonne nouvelle, c’est que les soft skills, fondées sur notre personnalité, nos capacités cognitives et notre intelligence émotionnelle, ne pourront pas, elles, être détrônées par un logiciel d’intelligence artificielle comme ChatGPT ! 

 

Des compétences « naturellement » féminines ? 

 

Toutefois, si les soft skills représentent une vraie valeur ajoutée, elles doivent aussi être examinées au prisme de l’égalité professionnelle femmes-hommes. En effet, un certain nombre d’entre elles, comme la communication, l’empathie, l’écoute, la flexibilité mentale, la tolérance à la diversité, sont traditionnellement associés aux femmes, tandis que des compétences comportementales comme l’assertivité, le leadership, ou la prise de risque sont rattachées aux hommes. Et ces préjugés ont bien sûr un impact sur nos trajectoires professionnelles.  

 

Stéréotypes et contre-performances 

 

Raphaël Adamczak, doctorant en psychologie social au sein de SNCF Mixité, a mené une étude auprès de cinq cents personnes afin de cerner leurs perceptions des soft skills qu’elles mobilisent et les représentations qu’elles ont de ces compétences. 

 

Il fait le constat que la mobilisation de certaines soft skills est bien affectée par des stéréotypes de genre. Par exemple, les hommes se percevant comme meilleurs en termes d’assertivité et les femmes en expression émotionnelle, la croyance de chacun en sa capacité de réaliser une tâche, augmente la confiance en soi et ainsi la mobilisation de la compétence qu’il ou elle possède le mieux.  

 

À l’inverse, le fait d’appartenir à un genre considéré comme ne mobilisant pas telle ou telle compétence peut induire une contre-performance. Par ailleurs, une femme faisant appel à des compétences prétendument masculines, et sortant donc de son rôle de genre attribué, s’expose à un « risque » (mise à l’écart, manque de promotion, médisance…). 

 

Ces préjugés touchent tous les niveaux hiérarchiques dans le monde du travail. Ainsi, une étude publié dans Harvard Business Review, menée auprès de 40 femmes américaines siégeant dans les conseils d’administration de grandes entreprises, montre qu’ellse doivent déployer des stratégies coûteuses, en énergie et en temps pour peser réellement dans la gouvernance. Car on attend d’elle des qualités présupposées « masculines », telles que la franchise et la compétence techniques, mais aussi des qualités pré conçues « féminines », comme la chaleur et l’empathie à l’égard d’autrui.   

 

 

Dégenrer les soft skills  

 

Pour favoriser l’égalité et la mixité professionnelles et lutter contre les stéréotypes de genre, les entreprises ont donc intérêt à interroger la valorisation des compétences qu’elles recherchent et, pour ce faire, repenser notamment leurs offres d’emploi et leurs programmes de formations internes. Une démarche nécessaire pour convaincre que, comme les métiers, les compétences n’ont pas de genre !