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Maroc : une websérie libère la parole des femmes victimes de viols

Alors que les violences sexuelles faites aux femmes restent un sujet tabou au Maroc, une websérie animée donne à entendre le témoignage de quatre femmes victimes de viol. Une démarche inédite dans le monde arabe.

Publié le 19/07/2021 à 9:00

Au Maroc, où une femme sur deux dit avoir été victime de violences (enquête nationale du ministère de la Famille publiée en 2019) et où 30 % d’entre elles se déclarent victimes de viol, la loi du silence prévaut toujours. Seules 28,2 % des victimes se sont adressées à une personne ou à une institution, et 6,6 % ont porté plainte contre leur agresseur, selon la même enquête.

 

Toutefois, la parole des Marocaines commence à se libérer. En 2018, est né le collectif Masaktach (« Je ne me tairai pas » en dialecte arabe marocain), qui dénonce la culture du viol. Il appelle les femmes à témoigner « parce que la parole des survivantes doit être libérée, parce que la peur doit changer de camp », écrit le collectif.

Autre initiative remarquable pour briser l’omerta et faire résonner l’histoire des femmes aux oreilles de la société marocaine et du monde : la série d’animation dans laquelle quatre victimes de viol livrent le calvaire qu’elles ont vécu. C’est la journaliste Zaïnab Aboulfaraj qui a recueilli leur témoignage. Abusées par leur frère, leur patron ou leur client, elles racontent sans filtre l’histoire de leur domination et d’une société qui les a abandonnées.

Produite par Jawjab, studio créatif qui a fait de la lutte pour les libertés individuelles sa marque de fabrique, cette websérie s’intitule #TaAnaMeToo. Ta Ana’ signifie « Moi aussi » en dialecte marocain. #TaAnaMeToo veut donc dire « Moi aussi je suis MeToo ».

 

Comme le souligne le producteur de la websérie à l’hebdomadaire Jeune Afrique :

Au Maroc, il reste encore beaucoup de chemin à faire pour qu’un jour ces témoignages puissent se faire à visage découvert […] La peur de l’opprobre, de la hchouma (honte), est encore très forte. C’est d’ailleurs elle qui pousse de nombreuses victimes et leurs familles à étouffer ces drames, en plus de la difficulté pour elles de prouver qu’elles ont été abusées, la charge de la preuve revenant à la plaignante;

Pire encore, en vertu de l’article 490 du Code pénal marocain, qui punit « d’emprisonnement d’un mois à un an toutes personnes de sexe différent qui, n’étant pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles », les victimes sont susceptibles d’être accusées et emprisonnées.