En octobre 2017, le scandale Weinstein a secoué le monde de l’industrie culturelle (et le monde tout court, d’ailleurs). Mais la prise de conscience planétaire a-t-elle permis de faire bouger les lignes de la mixité en matière de cinéma ? Comme l’illustre cette année la 72ème édition du célèbre festival de Cannes, la réponse semble être : oui… et non.
Oui, parce que le sujet de l’égalité femmes/hommes au cinéma est résolument au devant de la scène. Le comité de sélection est ainsi désormais paritaire (4 femmes et 4 hommes), tout comme le jury. L’affiche 2019 du festival met la photographe, réalisatrice et plasticienne Agnès Varda à l’honneur, une féministe engagée (notamment signataire en 1971 du « Manifeste des 343 » en faveur de l’avortement) qui s’est éteinte le 29 mars dernier ; et l’association Le Lab « femme de cinéma » était présente pour sensibiliser aux stéréotypes de genre dans le cinéma au travers d’ateliers collaboratifs.
Non, parce que du chemin reste encore à parcourir. Seulement 4 femmes cinéastes ont été sélectionnées, ce qui est bien peu (moins de 20%). D’autant qu’en 72 ans de festival, Jane Campion est la seule femme à avoir décroché la Palme d’or en 1993… Qu’elle a dû partager avec le cinéaste chinois Chen Kaige ! La sous-représentation féminine est donc encore criante dans la compétition, et le son de cloche est le même hors compétition : 9 films sur 28 ont été mis en scène par des femmes, soit à peine un tiers (32%).
Si les statistiques restent insatisfaisantes, force est de constater que le collectif 50/50 (créé en 2018 pour promouvoir la parité dans le cinéma) est passé par là : avec en tout 13 films sur 47 réalisé par des femmes (soit 27%), l’édition 2019 du festival de Cannes a tout de même battu son record. Reste à savoir si la progression est suffisante pour atteindre l’objectif : 50% de femmes en 2020 ?