Anne-Laure Téchené est Directrice de Projet chez Gares&Connexions. Depuis Bordeaux, où les travaux liés à l’ouverture prochaine de la LGV SEA arrivent à leur terme, elle prend quelques instants pour partager avec nous son parcours et sa façon d’appréhender le changement. Quel est votre rôle en tant que Directrice de projet à Bordeaux ?
J’assure une mission de maîtrise d’ouvrage déléguée au sein de Gares&Connexions, avec pour objet la rénovation de la gare Bordeaux Saint-Jean. Pour tous les travaux qui rentrent dans ce périmètre, mon rôle est de constituer une équipe, participer à l’émergence du projet puis le mener à bien jusqu’à la remise à l’exploitant. Je fais ce métier que j’adore depuis dix ans, et depuis sept ans en tant que directrice de projet.
Que faisiez-vous avant ?
Ma formation à l’école de commerce de Bordeaux me destinait plutôt aux métiers de la gestion. J’ai exercé à Paris, en banque d’affaires puis en cabinet d’audit. Je travaillais sur des sujets techniques comme la consolidation des comptes. Le créneau était porteur mais je n’y servais que des intérêts particuliers.
J’ai réalisé que j’avais besoin de travailler pour une entreprise dont la mission serve au plus grand nombre… et je suis rentrée chez SNCF, d’abord en consolidation. Dans ma famille, c’est un engagement qui a du sens, j’appartiens à la cinquième génération de cheminots… mais je suis la première femme !
Comment passe-t-on de la Direction Comptable à la Direction de Projet ?
Dès mon arrivée, j’ai participé à la création et à la mise en place d’outils destinés à automatiser le rapprochement des opérations comptables. J’ai compris que ce qui me plaisait, c’était de construire. Plus tard, j’ai pu quitter Paris pour Bordeaux, où je suis arrivée en tant que Contrôleur de Gestion.
Là j’ai eu la chance de pouvoir très vite côtoyer le terrain. C’est important quand on exerce un métier de support, d’être au contact des opérationnels, afin d’être perçu comme un soutien et non comme un censeur.
Au moment de la mise en œuvre des travaux liés à la création du pôle d’échanges multimodal de Bordeaux, j’ai pu prendre un poste de conducteur de projet. En quatre ans, on a fait plus de 25 millions d’euros de projet en association avec les partenaires locaux et l’Europe.
Que ressent-on lors d’une telle bascule ?
Même si j’avais été bien préparée, il y a eu des moments difficiles ! Délais, budget, gestion des équipes projet, l’effet immédiat est que l’on se sent investie d’une responsabilité importante. Elle n’est pas tellement de nature hiérarchique : c’est surtout une responsabilité vis-à-vis du projet. Au-delà des craintes et des difficultés, il faut arriver à fédérer les équipes et faire avancer les gens, sans carotte ni bâton. Ça passe par des explications sur l’intérêt du projet et d’autres leviers de motivation. Il faut montrer l’exemple, aussi.Est-ce plus difficile quand on est une femme ?
En gestion, je ne m’étais jamais posé la question, mais c’est vrai qu’à mes débuts à la Direction de Projet, il n’y avait que des hommes aux réunions auxquelles je participais ! N’étant pas du métier au départ, j’avais surtout le sentiment qu’il fallait que je montre que j’étais à la hauteur, indépendamment du sexe, et capable de prendre du recul. C’est l’un des enjeux de la maîtrise d’ouvrage : plier mais ne pas rompre, écouter, comprendre et faire avancer dans la bonne direction.