Récemment élue CGT au Conseil de Surveillance, Florence Dumond, du Pôle Comptabilité Gestion du Technicentre de St Pierre des Corps, mais aussi élue municipale de sa commune nous dit tout sur son parcours et les combats qu’elle va mener pour l’égalité professionnelle. Portrait sans tabou !
Bonjour Florence, racontez-vous : qui êtes-vous, quel est votre parcours ?
Florence Dumond : Je suis rentrée chez SNCF en 1991 en tant qu’agent commercial gare sur la région parisienne. J’avais 27 ans. Ensuite j’ai eu un parcours très diversifié avec examen interne qui m’a conduit au poste d’assistante de gestion que j’occupe actuellement au Technicentre de Saint-Pierre-des-Corps (37). En parallèle j’ai été déléguée du personnel, membre du CHSCT, élue CE avec la responsabilité de Secrétaire du CE (pendant 5 ans)…
Depuis les élections politiques de 2014, je suis élue municipale dans ma commune.
Et j’ai deux enfants ! J’ai la chance d’avoir dans mon entourage des gens qui ne font pas de différence, que l’on soit une femme ou un homme. Dans ces conditions, les choses se font naturellement quand vous considérez que vous êtes l’égale de l’homme et quand les gens autour de vous le pensent aussi.
C’est la première fois que les élections des conseils étaient paritaires. Qu’est-ce que cela a changé pour vous ?
F. D : Personnellement, cela n’a rien changé pour moi. Créer des quotas c’est bien mais il faut que cela soit accompagné de mesures qui tiennent compte des contraintes de la vie familiale et des engagements personnels. Cela doit aussi être accompagné d’une véritable volonté « politique » de faciliter l’accès des femmes au travail et aux postes à responsabilités.
Que comptez-vous faire depuis votre place d’administratrice pour faire avancer la place des femmes au sein de l’entreprise ?
F. D : Je ne suis pas sûre que l’on puisse faire avancer grand-chose au sein même du Conseil de Surveillance. Cependant ce sera l’occasion de porter au plus haut niveau des décideurs du Groupe Public Ferroviaire les questions sur l’équilibre vie de famille/vie professionnelle.
Quels seront vos combats ?
F. D : Vous l’aurez compris, l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle et cela ne passe pas que par des conciergeries ou des réseaux d’entraide même si cela peut aider. Pour aider les agents qui travaillent en horaires décalés, il faut plutôt leur proposer des crèches de site sur des bassins d’emplois ou encore des réseaux d’assistantes maternelles adaptés à leurs horaires.
Vu de ma fenêtre d’administratrice, on parlera aussi de toutes les questions qui touchent à l’égalité professionnelle, notamment en matière salariale
Il faut noter que le changement doit se faire à tous les niveaux. Les femmes doivent aussi arrêter de considérer qu’il est normal qu’elles soient moins bien notées que leurs collègues masculins parce qu’elles ont été en congé maternité !
Que pensez-vous de la politique paritaire de l’entreprise?
F. D : Si vous parler de la parité au sein des instances de gouvernance, c’est la loi.
Si vous pensez plutôt à la mixité dans l’entreprise, la SNCF devrait montrer l’exemple. Malheureusement, sur cette question elle ne va suffisamment loin parce qu’elle continue à faire le constat, qui est une évidence, qu’il y a des filières féminines et des filières masculines. Cela devrait nous inquiéter, parce que cela montre qu’il y a des différences. Les filières masculines sont souvent plus qualifiées que les filières féminines. Cela se traduit par une inégalité salariale, avec des éléments variables de solde. L’entreprise doit démontrer qu’il n’y a pas de raison que ces filières soient davantage occupées par des hommes.
Plus généralement, la société, sous l’impulsion des pouvoirs publics, doit mettre en place tout un programme éducatif et politique pour vaincre cette idée de métiers d’hommes et de métiers de femmes.