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Vienne, capitale du « féminisme urbain » ?

Depuis près de trente ans, la capitale autrichienne multiplie les projets de développement urbain pour que femmes et hommes puissent profiter équitablement de l’espace public.

Publié le 24/11/2021 à 9:00

Vienne est l’élève modèle de l’aménagement urbain féministe en Europe. Depuis le début des années 1990, la ville s’intéresse à la façon de concevoir des espaces qui répondent aussi bien aux besoins des femmes que des hommes. Frauen Werk Stadt (femmes-travail-ville) est l’une des premières réalisations à avoir vu le jour.

Achevé en 1997 et construit par quatre femmes architectes, cet ensemble d’immeubles d’habitat social est devenu une référence internationale en matière de logement pensé pour l’égalité femmes-hommes. Une crèche publique et un cabinet médical se trouvent au cœur de ce complexe d’immeubles modernes, composés de 357 appartements. Les espaces communs sont protégés et piétons et ont été conçus pour susciter les rencontres et la confiance entre voisins.

Depuis, la capitale autrichienne a engagé une soixantaine de projets de développement urbain « sensibles au genre ». Une philosophie également appliquée depuis plusieurs années en Allemagne, au Danemark, en Suède et, dans une moindre mesure, en France.

À Vienne, l’urbanisme « sensible au genre » est l’aboutissement d’une longue réflexion, engagée dès 1992. Cette année-là, la mairie organise une exposition sur la place des femmes dans la ville. Un an plus tard, la ville se dote d’un « bureau des femmes », qui traite notamment des questions de violence et de harcèlement, puis d’un « bureau de coordination pour la planification urbaine chargé des besoins des femmes », rattaché à la direction générale de l’urbanisme.

Au-delà de l’urbanisme, cette prise en compte du genre s’est étendue à presque tous les services de la mairie de Vienne : sports, santé, social, développement économique. L’objectif n’étant pas d’opposer les deux sexes, mais de mieux prendre en compte les besoins des femmes, ainsi que ceux des enfants, des personnes âgées, à mobilité réduite ou encore malades… « En somme, tous ceux qui ne sont pas des hommes actifs de 25 ans, et cela fait beaucoup de monde », comme le souligne Katja Schechtner, chercheuse du Massachusetts Institute of Technology (MIT).