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5 conseils pour réagir face à une situation de violence sexuelle sur mineur

En France, 160 000 mineurs sont victimes chaque année de violences sexuelles, au sein de leur famille (inceste) ou en dehors. Ces chiffres sont certainement minorés car fondés sur les seules déclarations. Ce sujet nous concerne tous, que l’on soit victime, dans l’entourage proche ou lointain, ou même simple citoyen. Alors, comment détecter, se comporter, ouvrir la parole, aider, se réparer ? Voici cinq conseils, pratiques et sans tabou.

Publié le 26/04/2024 à 9:50

De quoi parle-t-on ? Les violences sexuelles commises contre des enfants sont multiples, qu’il s’agisse des viols et des agressions sexuelles commis par des adultes contre des enfants et, parmi ces faits, fréquemment, des violences sexuelles incestueuses par le père ou le beau-père, le frère aîné, le grand-père ; qu’il s’agisse de violences sexuelles commises par un autre enfant ou de harcèlement sexuel entre enfants notamment par l’usage de moyens de télécommunication et des réseaux sociaux ; qu’il s’agisse aussi des mariages forcés ou des mutilations sexuelles féminines ou encore de la prostitution des enfants. 

En France, 1 femme sur 5 et 1 homme sur 14 déclarent avoir subi des violences sexuelles. Parmi ces victimes, 81% déclarent avoir subi les premières violences avant l’âge de 18 ans, 51% avant l’âge de 11 ans et, pire encore, 21% avant l’âge de 6 ans.  

Ce sujet touche tous les milieux sociaux et impacte tous les pans de la vie des victimes et de leurs proches. Au total, 5,4 millions d’adultes, au minimum, en France ont été victimes de violences sexuelles durant leur enfance et vivent avec les traumatismes de ces agressions. Des chiffres plus détaillés sont disponibles ici. 

 

  1. Vous êtes témoin d’une situation, on vous la rapporte ou vous la suspectez  

 

Si vous être témoin, contactez la police ou la gendarmerie. Si vous pensez qu’un enfant est en danger vous devez contacter le 119 ou faire un signalement en adressant un courrier à la CRIP (cellule de recueil des informations préoccupantes) de votre département. 

Si vous suspectez qu’un enfant ou un adolescent est victime de violences sexuelles, osez le lui demander. N’hésitez pas à lui poser la question, peut-être plusieurs fois, et à adapter votre langage à l’âge de l’enfant. Par exemple en lui demandant : « Est-ce qu’un adulte a touché des parties sexuelles de ton corps (seins, fesses, sexe, bouche) ou t’a demandé de toucher son corps ? Tu sais, on peut en parler. »  Dans tous les cas, il faut agir ! Si vous doutez, demandez conseil 

 

 

 

        2.  Vous recueillez le témoignage d’une victime 

L’enfant victime vit avec une injonction au silence, souvent imposée par l’agresseur, et par des mécanismes de culpabilité et de honte. Le rôle des personnes accueillant son témoignage est très important. Ne pas croire sa parole ou, pire, ne pas agir après l’avoir écouté, est ravageur et peuvent entraîner un repli dans le silence, renforcer l’amnésie et tout ce que l’enfant va mettre en place pour tenter d’ « oublier », de ne pas penser à cet évènement douloureux. Pour bien recueillir sa parole, trois étapes sont fondamentales et indissociables : 

 

1. : « Je t’écoute attentivement » : le formuler ou le démontrer par son attitude. 

 

2.  : « Je te crois » : le dire explicitement à la victime. 

 

3. : « Je te protège » : agir ou aider à agir, par le signalement, en proposant à la victime des informations sur les aides (associations) et recours (plaintes) ou en l’accompagnant physiquement dans les démarches à effectuer. 

 

 

     3. Vous êtes un proche (parent, conjoint, frère, ami…) 

Appliquez bien sûr les deux premiers conseils. Les parents, doivent, dès le plus jeune âge, énoncer l’interdit de l’inceste au sein de la famille et de toutes violences sexuelles. 

Pour tous les proches, il est essentiel de ne pas participer au déni et de représenter aux yeux de la victime un appui solide et fiable : elle doit sentir que vous êtes son allié et que votre positionnement est clair. 

En tant que proche accompagnant la victime dans son parcours de soin, vous pouvez aussi avoir besoin d’aide dans cette démarche. N’hésitez pas à vous rapprocher d’une association, de collectif, d’un groupe de parole, de professionnels en santé qui vous aideront à aller mieux sur le plan physique et psychique 

 

     4. Vous êtes victime devenue adulte et souhaitez en parler et agir  

Les violences sexuelles sont des crimes et des délits : la réparation doit passer par la justice. Sachant que le crime de viol commis sur un mineur est prescrit après 30 années à compter de la majorité de la victime ; le délit d’agression sexuelle commis sur un mineur est prescrit après 20 années à compter de la majorité, si la victime est âgée de moins de 15 ans au moment de l’infraction et après 10 années si la victime est âgée de 15 ans ou plus.  

Sortir du silence et s’engager dans un travail thérapeutique participe à la guérison permettant de mieux vivre avec ses traumatismes. Parce que ces démarches sont longues et peuvent être éprouvantes, être accompagné par une association permet de ne pas se décourager. Des bureaux d’aides aux victimes présents dans les tribunaux peuvent aussi vous aider.  Même si les faits sont prescrits, il n’est jamais trop tard pour parler, par exemple auprès de la CIIVISE. Vous pouvez témoigner : parler des violences, nommer l’acte et l’agresseur peut être libérateur.  

 

      5. Vous souhaitez en savoir plus et/ou vous engager  

SNCF Mixité propose un groupe de parole pour les proches de victimes d’inceste ou d’agressions sexuelles. C’est un lieu d’échange et d’entraide, où la parole est libre et anonyme. 

 

Voici quelques ressources et informations pour s’informer ou agir : 

Le rapport public de la CIIVISE, la Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles Faites aux Enfants.  

– le livret de formation de la CIVIISE « Melissa et les autres » 

– Les fiches élaborées par SNCF Mixité  

France victimes 

Collectif féministe contre le viol 

– Le 17, police secours  

– Le 119, le numéro national dédié à la prévention et à la protection des enfants en danger ou en risque de l’être. 

– Le 116 006, le numéro d’aide aux victimes  

 

 

Cet article a été écrit avec l’aide de Gaël Malpertu et Christophe Gueudar Delahaye, organisateurs du groupe de parole pour les proches de victimes d’incestes et de violences sexuelles. 

 

Sources : CIVIISE, rapport 2023 de la CIVIISE,