Les féminicides sont devenus une préoccupation centrale ces dernières années dans le débat public. Le collectif « Féminicides par compagnons ou ex » se mobilise depuis 2016 pour comptabiliser les victimes. Pour le moment, ce sont les féminicides conjugaux ou par un ex-partenaire qui sont pris en compte.
La délégation aux victimes, unité rattachée au ministère de l’Intérieur, publie de son côté une étude annuelle sur toutes « les morts violentes au sein du couple ». Comme le décompte de « Féminicides par compagnons ou ex », il ne tient pas compte des féminicides survenus dans d’autres sphères que celle de l’intime. Le collectif Nous toutes, estimant ce suivi ne témoigne pas de la totalité des homicides de femmes en raison du fait qu’elles sont des femmes (définition d’un féminicide), a décidé depuis janvier de ne plus relayer ces chiffres. Il explique vouloir aujourd’hui « trouver une autre manière de visibiliser l’ensemble des féminicides. »
Le périmètre conjugal ou intrafamilial
En Europe, comme l’explique le Monde, nombreux sont les pays a adopter une méthodologie assez proche de celle de la France. Ainsi, en Suisse, les statistiques portant sur les féminicides ne concernent que les relations de couple, en cours ou révolues. En Belgique, il n’existe pas de décompte officiel. Seul le blog Stop féminicide tente de recenser, via des articles de presse, le nombre de meurtre de femmes par leur conjoint. En Allemagne, contrairement aux sources officielles qui ne retiennent que les féminicides commis dans la sphère intrafamiliale, des organisations s’intéressent aux féminicides liés au racisme, à l’homophobie et à la transphobie.
L’Espagne : la bonne élève de l’Europe
Seule l’Espagne va plus loin, en comptabilisant, depuis janvier 2022, cinq types de féminicides. À savoir, en plus des féminicides commis dans la sphère conjugale, ceux perpétrés par un membre de la famille de la victime. Mais aussi les féminicides dit « sociaux », commis par un inconnu, un collègue de travail ou encore un ami ; les féminicides sexuels, lié à la violence ou l’exploitation sexuelle, au mariage forcé ou à la mutilation génitale. Et enfin, les féminicides dit « par procuration », c’est-à-dire l’assassinat d’un proche pour nuire à une femme. Par ailleurs, six sources officielles ainsi que le collectif feminicidio.net se chargent de recenser les féminicides dans la péninsule ibérique.