L’Islande, paradis de l’égalité femmes-hommes ? Peut-être pas tout à fait, mais il faut bien admettre que cette île volcanique d’environ 325 000 habitants est une source d’inspiration pour nombre de pays, à commencer par la France. D’après les données d’Eurostat, le taux d’emploi des Islandaises s’élève à 83 % (contre 61,5 % en France), elles sont mieux représentées au Parlement, dans les ministères et les administrations que dans n’importe quel autre État, et le congé parental est presque pris à parts égales entre les deux parents. Dans son rapport 2020, le Forum économique mondiale classe l’Islande en tête des pays les plus égalitaires au monde, devant la Finlande et la Norvège. La France, elle, est quinzième.
L’égalité salariale : une réalité vérifiée
Surtout, depuis 2018, l’Islande est devenue le premier pays au monde où la parité salariale est réellement devenue obligatoire et contrôlée. La loi s’applique à toutes les entreprises de plus de vingt-cinq employés ainsi qu’aux administrations : à travail égal, les salaires des hommes et des femmes doivent être égaux. Un organisme indépendant vérifie qu’elles répondent bien aux critères et leur délivre une certification, à renouveler tous les trois ans. Gare à celles qui ne s’y conforment pas, elles encourent une amende d’environ 400 euros par jour. Un système bien plus efficace que notre Index de l’égalité professionnelle…
La journée sans femmes
Mais tout n’a pas toujours été rose pour les Islandaises qui ont dû se battre pour défendre leur droit. Restée célèbre dans tous les mémoires, la journée du 24 octobre 1975, représente le moment charnière de la lutte pour l’égalité en Islande. Ce jour-là, 90 % des femmes cessèrent toute activité, au travail comme à la maison, afin de défendre leurs droits. Le but recherché : prouver que la moitié de l’humanité est indispensable au fonctionnement du monde. Que, sans elles, plus rien ne va, ni dans la sphère publique ni dans la sphère privée.
Cette « journée sans femmes » qui a inspiré la grève internationale du 8 mars, a permis à la nation tout entière de prendre conscience de la charge mentale qui pèse sur les femmes, en plus de leur travail. La mobilisation donne suffisamment d’élan pour qu’en 1980, une première femme, Vigdis Finnbogadottir, accède à la fonction de présidente. Du jamais vu, ni dans cette île de l’Atlantique Nord, ni ailleurs en Europe. Elle y restera quinze ans. En 1983, les femmes créent par ailleurs leur propre parti, l’Alliance des femmes, ce qui leur permet d’entrer massivement au Parlement.
Le combat continue
Aujourd’hui, outre la norme d’égalité salariale qui a contribué à un net rattrapage des salaires des femmes en 2018, l’île a aussi féminisé les directions de ses banques, de ses syndicats, et des conseils d’administration des grandes entreprises. Évidemment, cela ne règle pas le problème de la sous-rémunération des emplois majoritairement occupés par les femmes. Toutefois les Islandais.e.s ont engagé là aussi une réflexion sur le sujet.