Un parcours sous le signe de l’égalité
J’aime évoluer dans plusieurs domaines. En plus de mon activité professionnelle, je suis skipper. Quand j’ai débuté, le milieu de la voile était très masculin et j’ai dû me confronter à des comportements sexistes. Malgré tout, j’ai obtenu le brevet d’État et celui de Capitaine 200 Voile en 2015 ! J’ai alors fondé une association qui facilite l’accès aux activités nautiques, ainsi qu’un équipage 100 % féminin. J’ai formé 45 femmes. À chaque régate, notre sponsor reversait 200 euros à une association luttant contre les violences faites aux femmes. Le maire de Palavas-les-Flots m’a alors proposé de rejoindre son équipe pour porter ces valeurs à plus grande échelle. Je suis conseillère municipale chargée de l’égalité femmes-hommes et de la protection des enfants depuis bientôt 4 ans.
Changer la loi
Une fois entrée dans la sphère politique, j’ai mené un autre combat avec le projet de loi relative au choix du nom issu de la filiation. Mes deux enfants ne portaient pas mon nom et souvent, on ne me croyait pas quand je disais que j’étais leur mère (pour les inscrire au centre aéré, prendre l’avion…). Malgré les justificatifs, on me prenait pour une kidnappeuse ! Pour ajouter mon nom sur leurs papiers d’identité, je devais obtenir l’autorisation du père – que je n’avais pas.
Face à cette injustice, j’ai décidé d’agir. J’ai monté le collectif « Porte Mon Nom ». Ma pétition a obtenu 35 000 signatures et j’ai reçu des centaines de milliers de témoignages. J’ai alors mesuré le problème d’invisibilité des mères, mais aussi de ceux qui portent un nom qu’ils ne veulent pas. Après des mois d’acharnement et de médiatisation, la loi a été votée en 2022. Elle permet d’ajouter un nom d’usage à un enfant sans avoir l’autorisation de l’autre parent et de changer de nom de famille une fois dans sa vie. Elle permet également à un mineur de changer de nom de famille, dans des cas graves comme le féminicide ou l’inceste. Cette loi a changé ma vie, et celle de nombreuses personnes !
Aujourd’hui, je mène un nouveau combat pour faire changer la loi sur l’obligation alimentaire envers les parents. Elle oblige actuellement une personne qui a été victime pendant l’enfance de maltraitance, d’inceste ou d’abandon par exemple, à subvenir aux besoins de ses parents. Je milite pour le droit à la désolidarisation de parents ayant été défaillants.
Devenir ambassadrice, un aboutissement
Quand on m’a proposé de rejoindre les membres de l’ambassade Occitanie de SNCF Mixité pour leur prêter main-forte, ce fut une évidence. Nous réfléchissons actuellement à une application nationale qui permettra aux cheminots de s’échanger des services ou des conseils sous forme de troc. On acquière énormément de compétences au cours de notre vie : utilisons-les pour nous entraider !
L’autre projet qui me tient à cœur est de poursuivre la communication autour des métiers dits « masculins » alors qu’ils sont accessibles à tous. J’espère que les femmes arrêteront de se mettre des barrières et qu’elles accèderont de plus en plus à ces métiers. À l’EALE, nous ne sommes que 3 femmes sur 60 agents, et je pense qu’une plus grande présence féminine aurait un impact positif. Mon expérience de skipper me l’a montré : j’ai fait plusieurs régates en duo avec un homme, et nos approches différentes de la voile permettait des résultats remarquables. C’est la même chose au travail !
Marine Gatineau Dupré, assistante technique unité à l’EALE (Équipement d’alimentation des Lignes Électrifiées) Languedoc-Roussillon – Sncf Réseau et ambassadrice Sncf Mixité Occitanie.