Un an après le début de la pandémie et à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, le Boston Consulting Group (BCG) a dévoilé les résultats de son enquête intitulée Crise de la COVID-19 : un retour en arrière pour la parité hommes-femmes au travail ?, réalisée auprès de 2002 salariés français travaillant en bureau (1001 hommes et 1001 femmes du secteur privé et public).
Un équilibre vie pro/perso fragilisé
Premier constat, la crise menace l’équilibre vie pro/vie perso de l’ensemble des salariés interrogés. De fait, la modification des modes de travail et la généralisation du télétravail (pour 60 % des salariés) a brouillé davantage les frontières entre temps privé et temps professionnel et 31 % des personnes interrogées travaillent plus souvent le soir tard ou le week-end.
Une source de stress importante
Par ailleurs, la crise dans son ensemble et la généralisation du travail à distance ont eu un fort impact sur la santé mentale des sondés : 70 % se trouvent fréquemment en situation d’anxiété, la moitié d’entre eux se sent davantage isolé de ses collègues et 32 % déclarent sentir des signes de mal-être sur le plan personnel.
Des perspectives réduites
Si la crise impacte l’ensemble des salariés, elle affecte plus durement les femmes. Dans le secteur privé, seules 60 % d’entre elles disent avoir confiance en leur avenir professionnel, soit 15 % de moins que les hommes. Par exemple, par rapport à leurs collègues masculins, elles sont 13 % de moins à avoir entretenu leur réseau professionnel depuis le début de la crise, et 29 % de moins à avoir pris la parole en réunion. Par ailleurs, elle se sentent davantage isolées de leurs collègues. La généralisation du télétravail tend à creuser les inégalités femmes-hommes. Elles sont en effet 1,3 fois moins nombreuses que les hommes à disposer d’un espace isolé et ont 1,5 fois plus de risques d’être fréquemment interrompues lorsqu’elles télé travaillent.
La reprise « normale » en question
Malgré tout, les femmes continuent de culpabiliser davantage : elles sont 1,4 fois plus nombreuses que les hommes à estimer qu’elles ne sont pas assez disponibles pour leurs enfants. Cette difficile conciliation pèse sur leur santé mentale : elles sont 1,3 fois plus susceptibles d’être en situation d’anxiété. D’où un risque d’entraver leur « retour à la normale » professionnel : 60 % des femmes qui ont réduit leurs horaires appréhendent un retour aux horaires d’avant crise (contre 40 % des hommes).
Selon Jessica Apotheker, directrice associée au BCG : « Le modèle 100 % à distance a ses limites et l’évolution des modes de travail post-crise doit tenir compte de l’impact sur la diversité et les talents féminins. La crise a révélé et creusé davantage l’écart entre hommes et femmes dans la vie professionnelle. Alors comment s’assurer que les femmes entre 25 et 40 ans ne soient pas une génération perdue ? Sans prise de conscience de la part des entreprises et de la société, sans attention particulière portée à l’accompagnement de carrière des femmes, on risque de ne pas sortir par le haut de la crise. »