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L’égalité femmes/hommes au fil de l’actu

Voici trois actualités phares des semaines écoulées sur le front de la mixité…

Publié le 15/06/2021 à 9:00

Après le « Sofagate », le plaidoyer d’Ursula von der Leyen pour les droits des femmes

Souvenez-vous, de ce moment sidérant. Le 6 avril dernier à Ankara, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, Charles Michel, président du Conseil européen et le président turc Recep Tayyip Erdogan, entrent dans une pièce du palais présidentiel. Elle est décorée du portrait de l’ancien président turc Kemal Atatürk, l’homme qui a donné le droit de vote aux femmes en 1934. Il y a deux fauteuils au centre de la pièce. Deux pour trois. Charles Michel et Reçep Teyip Erdogan s’y installent naturellement, devant les caméras. Ursula von der Leyen est interloquée. On l’entend murmurer « Hmm »… Et faire un geste qui signifie : « Et moi ? Je m’installe où ? ». Elle finit par s’asseoir sur un sofa, un peu à l’écart.

 

Trois semaines plus tard, la présidente de la Commission européenne est revenue sur cet incident devant le parlement européen. Elle s’est lancée dans un vibrant plaidoyer pour l’égalité entre les hommes et les femmes. « Je suis la première femme à présider la Commission européenne. Je suis la présidente de la Commission. Et j’espérais être traitée comme telle lorsque je me suis rendue en Turquie il y a deux semaines …  Mais cela n’a pas été le cas, et c’est arrivé parce que je suis une femme. »,

 

Elle a également déroulé sa feuille de route pour la cause des femmes. Puisque certains États membres bloquent la ratification de la convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants, a-t-elle annoncé, la Commission « proposera avant la fin de l’année une loi » avec ces mêmes objectifs.

 

S’exprimer en public, un défi plus important pour les filles

De vraie pipelettes les filles ? Les clichés ont la vie dure… En réalité, moins encouragées et moins valorisées que les garçons à prendre la parole et ce dès le plus jeune âge, elles arrivent dans l’enseignement supérieur avec moins d’aisance à l’oral.

Ce désavantage, qui les suit dans le monde professionnel a été analysé dans un article du Monde.

« Dès la crèche, on a schématiquement des filles qui demandent la parole et des garçons qui la prennent », constate Isabelle Collet, professeure en sciences de l’éducation à l’université de Genève. À l’école, « divers travaux montrent que les garçons sont ensuite à l’origine d’environ deux tiers des prises de parole en classe ». Ils n’hésitent pas à occuper l’espace sonore et à interrompre le professeur. « Ils prennent plus souvent la parole de façon spontanée, d’ailleurs pas toujours en lien avec le cours dispensé », abonde la sociologue Marie Duru-Bellat, autrice de La Tyrannie du genre. C’est accepté et parfois valorisé comme un attribut de virilité.

 

Or, parler en public demande une bonne dose de confiance en soi. Si les filles ont de meilleurs résultats scolaires, elles doutent très jeunes à de leurs compétences. Ainsi dès 6 ans, lorsqu’on leur présente un personnage comme « intelligent », les petites filles y associent plutôt le sexe masculin, montre une étude américaine publiée en 2017 dans la revue Science. Par ailleurs, le poids des représentations et de l’histoire contribue au sentiment d’illégitimité que beaucoup ressentent vis-à-vis de l’art oratoire, « traditionnellement un bastion masculin » observe Christine Bard, spécialiste de l’histoire des femmes.

 

Ce sentiment prive les filles des techniques sociales de mise en valeur de leurs capacités et de leurs succès.  Si bien que « leurs meilleurs résultats ne leur ouvrent pas les portes de certaines filières sélectives et qu’elles rentabilisent moins, à diplôme égal, leur bagage scolaire ». Et dans le monde du travail, « où on vous demande de bien faire mais surtout d’aller le faire savoir », cette maîtrise de la prise de parole est un enjeu tout aussi majeur conclut Isabelle Collet.

Bientôt plus des femmes à la tête des Fédérations sportives ?

 Malgré une politique de quotas, les femmes sont encore très peu nombreuses à la tête des fédérations sportives françaises.

Ainsi, parmi les 36 fédérations françaises de sports olympiques seules deux sont présidées par des femmes : la fédération des sports de glace par l’ancienne patineuse Nathalie Péchalat et celle de hockey  par Isabelle Jouin. Et, à la tête des 115 fédérations agréées par le ministère des Sports, on dénombre seulement 13 femmes.

 

Pourquoi si peu de femmes ? « Le système électoral fait souvent que les choses dans ce domaine ne bougent pas assez », estime Patricia Costantini, cofondatrice d’Egal Sport, un collectif militant pour l’égalité femmes-hommes dans le sport. Cette année, une majorité de fédérations a encore donné la part belle aux grands électeurs, censés représenter les régions et départements. Un atout présumé pour les présidents sortants, selon Patricia Costantini, qui évoque les risques de « lobbying ».

 

Pourtant, depuis 2014, la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes a permis une meilleure représentativité dans les institutions. Elle oblige les fédérations à compter au moins 40 % de femmes ou d’hommes dans leurs instances dirigeantes. Sauf lorsque les unes ou les autres représentent moins d’un quart des licences : l’obligation descend alors à 25 % de sièges au minimum.

 

Prochain objectif, en vue des élections post-Jeux 2024 de Paris : parvenir à la parité intégrale dans les instances. L’objectif figure dans la proposition de loi visant à démocratiser le sport, adoptée le 19 mars à l’Assemblée nationale et désormais attendue au Sénat. Le texte prévoit aussi de réduire l’importance des grands électeurs, afin que les présidents de clubs constituent « au minimum 50 % » du collège électoral et des voix.