« Liberté » ou « droit » : ça change quoi pour l’IVG dans la Constitution ?
Le 1er février, le Sénat a adopté un texte visant à inscrire dans la Constitution la « liberté de la femme de recourir à l’IVG ». Une avancée historique, même si la proposition de loi constitutionnelle initialement portée par les députés de l’Assemblée nationale reposait sur la notion de « droit ». La formulation exacte était : « La loi garantit l’effectivité et l’égal accès au droit à l’interruption volontaire de grossesse ».
« Liberté » ou « droit », qu’est-ce que cela change concrètement ? Pour Mathilde Philip-Gay, professeure de droit public, l’intention n’est pas la même : un droit à l’IVG impose à l’État de le garantir. Quant à la liberté, c’est au législateur de déterminer les conditions dans lesquelles elle s’exerce. Il peut donc restreindre l’exercice de ce droit – réduire le nombre de semaines ou les conditions d’accès à l’IVG pour les mineurs, par exemple – sans contredire la notion de liberté. Selon elle, ce vote n’est donc ni une victoire politique, ni une victoire juridique mais plutôt un geste symbolique.
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Crise du logement : les femmes plus vulnérables que les hommes
Dans son rapport sur l’état du mal-logement en France, la Fondation Abbé Pierre s’est, pour la première fois, attachée à décrire en détail « le genre du mal-logement ». Les femmes y apparaissent plus touchées que les hommes par la crise du logement. En effet, alors que 20 % de la population subit de mauvaises conditions de logement, le taux atteint 40 % pour une femme célibataire avec un enfant et 59 % pour celles élevant seules au moins trois enfants.
Le rapport montre aussi combien les violences conjugales pèsent. Près de 40 % des femmes victimes demandant un hébergement d’urgence sont sans solution. Même sans violences, les séparations conjugales présentent un risque de « précarisation » pour les femmes car la rupture révèle les inégalités. Les femmes étant moins bien payées, plus souvent à temps partiel, moins souvent propriétaires que les hommes de leur logement.
Autres moments qui fragilisent les femmes : la retraite ou le décès du conjoint. Leur pension moyenne est 40 % moins élevée que celle des hommes. Aussi, sont-elles plus nombreuses à être concernées par de mauvaises conditions d’habitat. Les veuves ont également un taux de pauvreté plus élevé que les veufs : 11,7 % contre 3,7 %.
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État des lieux du sexisme en France : une situation inquitétante
« Le sexisme ne recule pas en France. Au contraire, certaines de ses manifestations les plus violentes s’aggravent, et les jeunes générations sont les plus touchées ». Tel est le constat inquiétant du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes qui vient de rendre son rapport annuel sur l’état des lieux du sexisme en France.
Le Haut Conseil souligne notamment la persistance de clichés sexistes, de violences envers les femmes ou d’inégalité. Ainsi, le monde professionnel est jugé particulièrement sexiste : 23 % des femmes ont déjà vécu un écart de salaire avec un collègue homme et ce taux grimpe à 34 % pour les cadres, dont une sur cinq considère avoir déjà été discriminée au travail.
Le « sexisme ordinaire » ne faiblit pas lui non plus : 80 % des femmes déclarent avoir vécu des situations sexistes dans la rue et les transports, le foyer, ou le monde du travail. Plus inquiétant encore, les clichés sur la « masculinité » perdurent chez les jeunes hommes : 23 % des 25-34 ans considèrent qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter. Sur la même tranche d’âge, 20 % des hommes pensent qu’il faut se vanter de ses exploits sexuels auprès de ses amis pour être respecté dans la société.
Enfin, pour s’épargner des propos ou situations sexistes, les femmes adoptent des « conduites d’évitement » : 55 % d’entre elles renoncent ainsi à sortir et faire des activités seules et 52 % à s’habiller comme elles le souhaitent.
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