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L’essentiel sur : la charge mentale

Même si les hommes prennent une part croissante dans la vie domestique, la charge mentale pèse encore essentiellement sur les femmes. Elle compromet l’égalité, au travail comme dans le couple. Malgré une prise de conscience sociétale, la voie du changement est semée d’embûches. 

Publié le 23/03/2023 à 11:33

 

Une prise de conscience récente 

Trois femmes à la caisse d’un supermarché, la caissière et deux clientes, qui tout en s’activant à leur tâche présente, pensent aux cotons-tiges qui manquent à la maison, au panier de légumes à commander pour la semaine ou aux étrennes du gardien en retard… En 2017, cette illustration de la dessinatrice Emma a popularisé la notion de charge mentale. Plus efficace qu’une longue explication, elle permet de saisir d’emblée ce qu’implique cette fameuse « charge mentale » : une « to do list » infinie et sans cesse renouvelée…  

 

Le management invisible du quotidien 

La sociologue française Monique Haicault, qui a en défini le concept, rappelle dans un article récent, la « compétence particulière » mise en évidence par les recherches en sociologie sur le travail des femmes. 

Elle est comparable à celle du « manageur invisible » du foyer, assurant en permanence son bon fonctionnement.  Les compétences cognitives associées sont « Des capacités mentales de gestion et d’organisation mais aussi de prévision, de mémorisation, de coordination, de réponse aux imprévus (…) pour maintenir en bon état physique et moral les membres de la famille, sur le court et le moyen terme ». 

 

Des charges inégales 

Le problème, c’est que cette responsabilité à plein temps reste principalement, sinon exclusivement, dévolue à la femme dans le foyer. D’après une étude de l’IFOP sur les inégalités de répartition des tâches domestiques entre les deux sexes en France et en Europe, 75 % des femmes déclarent en faire plus que leur conjoint.  

Une autre étude sur « Les Français et la charge mentale », révèle que deux femmes sur trois (63%) estiment qu’elles la subissent et 77 % d’entre elles évoquent le phénomène en déclarant avoir trop de choses auxquelles penser et avoir peur d’en oublier. La progression des esprits sur cette question reste donc encore toute théorique… 

 

Le congé paternité, clé du progrès ? 

Conséquence : la charge mentale pesant essentiellement sur les femmes a aussi des effets sur leur vie professionnelle, en freinant la progression de leur carrière et de leur rémunération. Car, malgré les progrès de l’égalité salariale, les femmes continuent de gagner en moyenne 16% de moins que les hommes. 

 

Les dernières recherches sociologiques citées par le journal du CNRS suggèrent que la solution résiderait dans des politiques publiques ciblées : les unes favoriseraient l’éducation des garçons et des filles contre les stéréotypes de genre ; les autres mettraient en place des dispositifs comme l’augmentation de la durée du congé paternité.  

L’éducation des enfants et la sensibilisation des jeunes pères contribueraient ainsi à mieux répartir le partage de la charge mentale.  

 

En savoir plus…  

 

La BD : Fallait demander, Emma, éditions Massot.  

Les planches d’Emma sont visibles ici  

 

Le compte Instagram @taspensea est un collectif qui recueille les témoignages sur la charge mentale. Sa créatrice, Coline Charpentier, est l’auteur du Guide d’autodéfense sur la charge mentale