Longtemps, les femmes représentées dans les jeux vidéo étaient disproportionnées pour alimenter les fantasmes masculins. Combien d’éditions successives de Street Fighter, de Soulcalibur et de Tekken faisant figurer des bombes atomiques où la graisse de la taille est relogée dans celle de la poitrine et où les tenues de combat féminines laissent si peu de place à l’imagination et/ou au kevlar ?
Heureusement, la société évolue et les jeux vidéo aussi. Dans une étude, Teresa Lynch, Jessica Tompkins, Irene van Driel et Niki Fritz ont ainsi analysé l’hypersexualisation des personnages féminins dans 571 jeux vidéo parus entre 1983 et 2014. Leur constat est encourageant : après un pic dans les années 1990, la tendance est aujourd’hui au réalisme. Toujours est-il qu’en matière de représentation, les femmes font rarement les unes des jaquettes. Alors on se réjouit quand, en 2018, le studio suédois DICE et son éditeur américain Electronic Arts font le buzz avec le jeu Battlefield V, en décidant de mettre en avant une soldate intrépide sur fond de Seconde Guerre mondiale.
Des progrès restent néanmoins à faire, notamment en matière de jeux vidéo sportifs, encore très largement masculino-centrés. Un exemple : FIFA 19 proposait ce 7 juillet 2019 de reproduire la finale de la coupe du monde féminine… Sauf qu’en 2018, durant la coupe du monde masculine en Russie, les fans pouvaient simuler chez eux tous les matchs dans tous les stades du tournoi ! Cette année, seule la finale était proposée.
… Et aux manettes !!!
Le constat est relativement similaire de l’autre côté de l’écran : si les femmes sont encore très sous-représentées, la progression est sans appel et elle se fait dans le sens d’une féminisation du milieu. Ainsi, selon Audrey Leprince, fondatrice de l’association Women in Games : « dans les écoles dédiées à la formation et aux professions du monde du jeu vidéo en France, la proportion de femmes est entre 20 et 25%. Tous les ans, la part féminine augmente (de 12,5 à 14% entre 2017 et 2018) ».
Les gameuses, de leur côté, ne sont pas en reste. Selon une étude réalisée par le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (S.E.L.L.) publiée en 2016, 44% des joueurs sont des joueuses en 2015. Même son de cloche outre-atlantique, où d’après le Pew Research Center, les femmes jouent à égales proportions (48%) aux jeux vidéo avec les hommes (50%). Pis, il se pourrait même qu’elles soient meilleures de la manette que ces messieurs… En 2019, une start-up nommée Gosu.ai a développé une IA à même d’analyser les données de 5 000 joueurs et joueuses du jeu Dota 2. Le constat est sans appel : les femmes, si elles sont minoritaires dans l’échantillon (4%) scorent un taux de victoires supérieur de 44% à la moyenne !