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Une mixité sereine

Rencontre avec Haby Niaré, vice-championne olympique de taekwondo et agent commercial à Paris Saint-Lazare qui, si elle vient de mettre un terme à sa carrière sportive, n’a pas renoncé à transmettre les valeurs de sa discipline.

Publié le 28/06/2021 à 9:00

crédit photo : Sebastien Godefroy 

Pouvez-vous retracer en quelques mots votre carrière d’athlète ?

J’ai débuté le taekwondo à l’âge de 10 ans après avoir été, un temps, tentée par la danse hip hop. Six ans plus tard, je suis devenue championne d’Europe, la plus jeune de l’histoire de la discipline ! Cette performance m’a ouvert les portes de l’INSEP et, en 2013, j’ai été couronnée championne du monde dans la catégorie des moins de 67 kg. En 2015, à l’âge de 22 ans, j’ai intégré le dispositif Athlètes SNCF. Une très belle opportunité ! Si la SNCF n’était pas venue à moi, je ne sais pas où j’en serais aujourd’hui. J’ai pu ainsi me concentrer sur mon sport, préparer les JO de Rio, ramener une médaille d’argent, tout ça sans perdre de vue mes objectifs à plus long terme dans une entreprise où les possibilités de progression sont nombreuses. En fait, la SNCF m’a fait grandir.

 

Vous avez annoncé en effet que vous mettiez un terme à votre carrière sportive

Cette décision n’a pas été facile à prendre évidemment mais je suis sans regrets. Physiquement, ça n’allait plus, mes problèmes de genou étaient récurrents. La période du confinement m’a permis de faire le point et de réfléchir posément. À 27 ans, j’ai la chance d’avoir déjà vécu pas mal de belles choses. Aujourd’hui, j’ai envie de m’engager autrement et de transmettre mon expérience. Pour ça, je viens de décrocher le diplôme d’État de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (DEJEPS) mention taekwondo et disciplines associées. Cela va me permettre de m’impliquer différemment dans mon club, l’ASC de Champigny. Je commence d’ailleurs à y entraîner les féminines du collectif élites, des jeunes femmes qui ont déjà un parcours à l’international. En parallèle, je vais poursuivre ma carrière à la SNCF.

 

En tant que sportive de haut niveau avez-vous eu à lutter contre des préjugés sexistes ?

Non ! La mixité se vit sereinement dans ma discipline et je n’ai jamais eu à déplorer de propos ou d’attitudes sexistes au sein de mon club ou ailleurs. Les valeurs du taekwondo sont l’intégrité, la courtoisie, le contrôle de soi, la coopération et, surtout, le respect de l’autre. Dans ma carrière, je me suis entrainée avec des garçons, j’ai pu aussi en aider quelques-uns à progresser. J’ai la conviction qu’ensemble on va plus loin. D’une certaine manière, les valeurs que portent le taekwondo et le réseau SNCF au Féminin sont similaires !

 

Que souhaitez-vous transmettre à travers le taekwondo ?

Dans le cadre de ma préparation au DEJEPS, j’ai eu à monter un projet avec une association. J’ai choisi Tremplin 94 SOS Femmes, une structure spécialisée dans l’accueil et l’hébergement de femmes et d’enfants victimes de violences conjugales. J’ai mis en place un cycle qui conjuguait des séances d’initiation au taekwondo et des temps de parole.

En m’appuyant sur mon expérience d’athlète, j’ai voulu donner des clés aux femmes pour restaurer l’estime et la confiance en soi, se projeter plus loin, oser collaborer avec d’autres pour se faire aider. En d’autres termes, j’ai fait un lien entre les difficultés que tout athlète traverse à un moment ou à un autre de sa carrière (et les ressources qu’il doit mobiliser pour les dépasser) et les problématiques de ces femmes victimes de violence. La perte de confiance en soi lorsqu’on se blesse ou que les résultats ne sont pas au rendez-vous, la nécessité de de se projeter, de voir plus loin lorsqu’on prépare des compétions majeures, l’importance de collaborer avec une équipe, d’accepter d’être soutenu par les autres…

Bien entendu, il ne s’agissait pas en quelques séances de leur apprendre à se battre ou à se défendre. Mais au fil des semaines, j’ai vu des transformations manifestes chez elles, beaucoup étaient apaisées, plus en confiance. La pratique sportive est un formidable levier pour se reconstruire. Je compte bien renouveler cette expérience avec cette association du Val-de-Marne ou d’autres.