Tererai Trent est une icône.Née à Zvipani, petit village rural du Zimbabwe, elle ne fut, à la différence de son frère, pas autorisée à aller à l’école pour obtenir une éducation. Qu’à cela ne tienne : elle décida d’apprendre à lire et à écrire en autodidacte à l’aide des manuels de son frère, jusqu’à faire ses devoirs, ce qui la fit remarquer auprès de l’instituteur, étonné de la qualité des rendus. Cela lui permit d’être enfin scolarisée, mais bien peu de temps car pour une vache, son père la maria à un homme violent qui la battait « à cause de ses velléités éducationnelles ».

En 1998, alors âgée de 33 ans, elle s’expatrie dans l’Oklahoma, aux États-Unis, avec son mari et leurs cinq enfants. Six ans plus tard, c’est la consécration : elle obtient son master et son mari est expulsé pour maltraitance. En 2009, elle décroche sa thèse à l’Université du Michigan, consacrant les programmes de prévention du sida destinés aux femmes et aux filles de la région subsaharienne. Elle est repérée en 2011 par Oprah Winfrey, qui la révèle comme son invitée favorite de tous les temps et lui obtient une donation d’1,5 million de dollars pour que Tererai Trent puisse faire construire une école dans son village natal. Aujourd’hui, elle parcourt le monde pour délivrer des conférences et conseiller de grandes organisations humanitaires.

Décidée à féminiser son espace public, la ville de New York (qui ne comptait en mars 2019 que 5 statues de femmes réelles dans ses rues) a annoncé le 9 mai 2019 lui rendre honneur, en construisant une statue à taille réelle de cette femme inspirante, qui sera érigée au Rockefeller Centre à partir du 26 août prochain. Cet hommage rentre dans le cadre du projet Statues for Equality (Statues pour l’égalité), destiné à rééquilibrer la représentation des genres dans l’art public ; aux côtés d’autres femmes exemplaires comme l’animatrice et productrice Oprah Winfrey, l’actrice Cate Blanchett ou encore la gymnaste Gabby Douglas.