La crise sanitaire va retarder de plus d’une génération le temps nécessaire pour parvenir à l’égalité femmes-hommes, selon le rapport publié le 30 mars dernier par le Forum économique mondial (WEF, organisation dite « forum de Davos ») !
Si ce rapport annuel sur les inégalités femmes-hommes dans le monde fait ressortir de fortes disparités d’un pays à l’autre, il faudra toutefois encore compter 135,6 années avant de parvenir à la parité à l’échelle mondiale. « La pandémie a eu un impact fondamental sur l’égalité femmes-hommes, tant sur le lieu de travail qu’à la maison, faisant reculer des années de progrès », souligne Saadia Zahidi, membre du comité exécutif du Forum économique mondial.
La double charge mentale des femmes s’est aggravée
On sait que les répercussions de la crise sanitaire ont été plus sévères pour les femmes. En raison de leur surreprésentation dans des secteurs directement affectés par les mesures de confinement, elles ont été plus nombreuses à perdre leur emploi. Selon les chiffres de l’Organisation internationale du travail (OIT), la perte d’emplois des femmes a atteint 5 % en 2020, contre 3,9 % chez les hommes.
La crise sanitaire a aussi accru la double charge des femmes entre le travail, les tâches ménagères, la garde des enfants et des soins aux personnes âgées qui leur « incombent de manière disproportionnée ». Le fossé s’est surtout creusé au niveau politique, selon le rapport. S’il fait ressortir une amélioration dans plus de la moitié des 156 pays passés en revue, les femmes n’occupent toutefois que 26,1 % des sièges parlementaires et 22,6 % des postes ministériels au niveau mondial. En poursuivant sa trajectoire actuelle, l’écart femmes-hommes en politique devrait mettre 145,5 ans à se combler, contre 95 ans dans la précédente édition du rapport, datant de fin 2019.
L’Islande en haut du podium
Pour la douzième année consécutive, l’Islande s’est maintenue en haut de classement, restant le pays le plus égalitaire au monde, suivi par la Finlande, la Norvège, la Nouvelle-Zélande et la Suède. La France, seizième du classement sur 156 pays, a reculé d’une place en 2021. Elle se classe au vingtième rang en matière d’émancipation politique, même si elle arrive à la première place pour la part de femmes à des postes ministériels. Elle est également en première place en matière d’éducation. Toutefois, les auteurs de l’étude relèvent que si les garçons et les filles ont un accès similaire à l’éducation, le prochain défi sera d’améliorer la présence des femmes dans les disciplines telles que les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques.